09 novembre 2009

digestion salée

Une transat, c'est bien, c'est même super. Mais cela demande d'être digéré à l'arrivée.
En effet, on ne passe pas 24 jours seul sur l'eau sans conséquence pour les autres. Tous les autres, ceux qui restent à terre pour nous suivre, ceux qui sont obligés de vivre notre passion et de subir nos humeurs (enfin surtout les miennes) même avec passion.
Aussi, à l'arrivée, cela prend un certain temps pour se "recaler" et reprendre une activité sociale. Ce temps est venu.
Celui aussi de vous faire partager les émotions et les évènements de la Transat 2009

Riche de sensations, et de forts moments, une traversée de l'Atlantique est aussi belle pour ses images.
Avant de prendre le temps de vous raconter plus avant, une photo prise en partant de Madère le 3 octobre dernier.Parti sous de bons auspices, des cieux cléments (enfin presque, car pour avoir un arc en ciel il faut aussi de la pluie !) et une dépression mal positionnée, le départ a été dur et pas très plaisant, mais c'est aussi un des intérêts de la course au large: on prend ce qu'il y a, quitte à ce que cela ne soit pas très bon.
Jusqu'au Canaries, cela sera donc du 20 noeuds régulier dans le nez à taper dans les vagues. Le stress, l'enjeu ... et tout ce que vous voudrez, et je passe trois jours sans vraiment naviguer sans manger, et en ne buvant qu'une bouteille d'eau.
Les Canaries sont la clé de toute la suite. N'arrivant pas à passer à l'ouest de l'archipel je me retrouve dans le dévent de Las Palmas avec un souci électrique (je ne peux plus utiliser mes batteries convenablement, et sans énergie, c'est vraiment la galère). J'hésite à m'arrêter réparer, puis finalement j'annonce au bateau accompagnateur le plus proche que je continue ... on verra bien si ce n'est pas bon le prochain arrêt est au Cap Vert.
Resté bloqué sous le dévent de l'île, je perds 12 heures environ; La tête de course s'envole.
La deuxième île, Hierro, me joue le même tour, encore 12 heures d'attente pour pouvoir prendre la train des alizés.
Je ne suis plus dans le groupe de chasse, mais dans le groupe de suiveurs, navigant mais plus au contact des meilleurs.
L'aventure prend le dessus sur la régate océanique.
Retrouvé sous le vent de Hierro, Rémy Cardona, avec un tiptop également, et moi ne nous quitterons plus jusqu'à Bahia. Nous n'avons pas cherché à nous attendre mais nos navigations ont été sensiblement les mêmes. Si j'allais un peu plus vite, je faisais une erreur me faisant perdre toute mon avance de la nuit. Si il allait plus vite au près, je le reprenais au portant ...

Les alizés, le pot au noir (violent et très humide), l'équateur, puis la descente sur le Brésil au près, la casse de la ferrure du safran bâbord (et donc un handicap certain) ne m'empêcheront pas de voir les côtes du Brésil se dessiner dans la journée du 26 octobre.
L'entrée dans la Baie de Tous les Saints en début de nuit, conclut cette navigation qui relève du parcours d'obstacles et fait la magie de cette course.
Pour vous raconter tout cela, il faudra encore un peu de temps; le temps de finir de le rédiger (deux cahiers de notes écrites en mer) et le temps de trier dans les 250 photos et 2 heures et demi de film.
Mais cela prend forme.
Encore un peu de patience.
J'ai mis au total 32 jours pour traverser l'Atlantique, je vais tâcher de vous donner matière à rêver dans moins de temps.

1 commentaire:

team zoukati a dit…

Baraqué le marin !!
enfin un commentaire qui fait plaisir
à bientôt M et JM